Son histoire débute à Moscou, en Russie, en tant que deuxième enfant de la famille Ivanov. En effet, ses parents avaient déjà un petit garçon de 3 ans avant son arrivée. Un grand-frère beau, grand, fort et intelligent, alors qu'elle n'était que la petite gamine fragile, sensible et rêveuse. Difficile de rivaliser avec un modèle comme celui-la. La barre était haute et déjà très jeune, Roksana savait qu'elle ne pourrait jamais l'égaliser. Elle le voyait surtout dans le regard de son père. Il avait toujours les yeux brillant en voyant à quel point son fils était si parfait. Il brillait de fierté devant ce modèle réduit de lui-même, alors que sa fille semblait si insignifiante. Son père était un homme dur et complexe. Il voyait la vie sous un angle différent, du moins, drôlement différent de celui de sa femme. Ça, il ne l'avait pas encore vue... Monsieur était lieutenant-Colonel, dans l'armée de l'air, du district militaire de Moscou. Il était le plus aimé, le plus fort et surtout très reconnu pour son sang froid inébranlable. Il réussissait dans tout, mais ne s'en vantait jamais. Il prônait la persévérance, les sacrifices et le dur travail afin d'obtenir le plan de vie désirée. Il savait que rien ne tombait du ciel comme par magie, d'ailleurs il n'y avait que les faibles qui restaient immobiles à espérer un miracle. Madame Ivanov, quant à elle, venait des États-Unis. Originaire de Caroline du Nord, elle avait déménagé en Russie pour enseigner l'anglais. Passionnée de langues étrangères, c'est par hasard qu'elle était tombée sous le charme du futur papa. Au premier coup d’œil, ils n'avaient rien en commun! Amoureux comme jamais, ils se marièrent deux ans plus tard. Elle exauça ensuite le vœux de son mari d'avoir un fils à qui il pourrait tout transmettre. L’aîné. Pour sa part, Roksana n'était qu'une petite erreur imprévue qui se pointa ensuite... Invisible aux yeux de son père, elle abandonna l'idée de lui plaire et fit des efforts pour bien paraître. Par chance, sa mère l'aimait énormément, c'était toujours ça. Elle traitait ses enfants sur le même pied d'égalité. Malheureusement, sa vie changea du tout au tout, lorsque sa mère demanda un jour le divorce. Mal du pays ou trop de pression sur les épaules? Quoi qu'il en soit, l'épisode se déroula de façon catastrophique. La blondinette n'avait que 12 ans à cette époque, mais elle s'en souvenait très bien. C'est le lieutenant-Colonel qui perdit le plus en bout de ligne. Sa femme, devenue son ex-femme, quitta le pays avec la garde de son fils. Elle lui arracha donc son futur petit soldat pour emménager de nouveau en Caroline du Nord. Afin de se venger de cette situation honteuse, il réussit à la dernière seconde à obtenir la garde de sa fille. Roksana fit donc ses adieux à son frère et sa mère sans avoir son mot à dire. Triste de laisser derrière sa petite puce, elle lui assura qu'elle la récupérerait un jour... Désormais seule avec l'homme qui n'avait jamais semblé être son père, elle fit une croix à tout jamais sur ses rêves de princesse. Dorénavant, elle serait obligée de se piler à la volonté du Russe. Elle n'avait que lui comme famille et vivait sous son toit.

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« Plus rapide tes coups! Gauche! Droite! Mais esquive mieux que ça, merde! » Tremblante d'épuisement, la blondinette resserra les poings en réajustant sa garde. Le regard plongé dans celui de son adversaire, elle entendait au loin les cris de son père, visiblement insatisfait de sa performance. Rien de nouveau, elle avait appris à ignorer sa grosse voix lui hurlant des directives. En plus d'être son père, il était aussi son entraîneur personnel. Décrochant une droite, Roky reçut un crochet beaucoup plus fort. Sonnée, elle recula d'un pas. Elle n'avait jamais particulièrement aimé la boxe. Son père en était très fan par contre. Il avait été champion autrefois dans ce domaine. La blondinette l'entendait encore lui répéter : « la boxe est le sport parfait pour développer ta force, tes réflexes, ton agilité et ta confiance en toi. Maîtrise ce sport et tu te maîtriseras parfaitement ensuite » Les phrases de ce genre digne d'un maître jedi, il en avait un répertoire trop plein. Selon lui, pour que sa fille ne soit jamais faible, elle devait savoir frapper et se défendre seule. Comme ça, il pourrait dormir tranquille... Roksana n'avait que 16 ans, son adversaire avait deux pieds de plus qu'elle et une agressivité qui en faisait peur, comment pouvait seulement espérer gagner? Son corps irradiait de douleurs diverses et même si elle avait la volonté de ne pas abandonner ce combat, son esprit ne demandait que ça. Elle voulait que ça se termine vite. Les bras en feu, elle fit une autre tentative, sans grand suces. La brunette en face d'elle devait sentir sa victoire venir, car elle lui envoya un undercut que la jeune Ivanov encaissa avec difficulté. Assommée sur le coup, elle sentit ses pauvres jambes flancher sous son poids. Ayant à peine conscience d'être au sol, Roksana nageait entre deux eaux. Elle entendait la voix de son père lui hurler aux oreilles des : « Relève toi! Debout! » , mais rien à faire, son corps ne répondait plus. Il pouvait crier comme il le voulait, elle venait de perdre de toute manière. Elle avait la tête dans les étoiles et le corps en enfer. Une heure plus tard, alors que tout le monde avait quitté le gymnase, Roksana faisait face à un mannequin de pratique sous le regard attentif de son entraîneur. Son cher papa la laisserait tranquille qu'une fois qu'elle aurait prouvé sa force et son endurance de manière satisfaisante. Elle enchaîna donc ses coups en utilisant le peu d'énergie que son corps avait en réserve. Pour le coup, elle en aurait pleuré de fatigue et de rage, mais il y avait longtemps qu'elle avait compris que ce genre de choses là n'était pas autorisé avec lui. Il détestait les larmes. Les jointures en sang sous ses protections, la sueur continuait de glisser sur son front trempé. Elle avait mal partout, mais elle continuait toujours, guettant le « stop » qui mettrait fin à sa souffrance. S'il était persuadé de bien agir avec elle, il n'avait pas encore compris le vrai sens du mot éducation douce. Il avait si peur qu'elle soit qu'une faible et bonne à rien, qu'il la poussait toujours à l'extrême. Normalement, ça aurait été son frère aîné la victime de ce mode de vie d'armé, mais il se la coulait douce aux États-Unis. Injustice ou non, Roksana se demandait chaque jour si son père agissait ainsi par amour pour elle ou bien pour faire le deuil de son fils.

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« Tu sors? » S'arrêtant devant la porte, la jeune femme se retourna lentement en direction de son père. Baissant le journal qu'il lisait sur son sofa de cuir, il la toisa du regard. Nullement affectée par cet air autoritaire, sans doute en était-elle immunisée à présent, elle croisa les bras en soutenant son regard. « Je t'ai prévenu deux semaines à l'avance, c'est l’anniversaire d'Aleksa et je vais bientôt avoir 18 ans moi aussi... » Son père prit le temps de bien replier sa lecture du soir, avant de la déposer sur ses genoux, son regard d'acier toujours pointé sur elle. Impassible, la blondinette attendit sa réponse. Elle n'avait vraiment pas beaucoup d'amies, on la jugeait apparemment pas très social, donc pas question de décevoir Aleksa. Elle allait simplement à une fête extérieure près du boisé. D'ailleurs, c'était même pas à 20 minutes de la maison. Se levant finalement, son père se dirigea vers le petit bureau de bois en tirant sur le tiroir de droite. Retenant un soupire en comprenant ce qu'il voulait faire, Roky ne bougea pas d'un poil. Ce serait peine perdue de lui faire comprendre le ridicule de son geste. « Prend ça avec toi. » Baisant les yeux sur le flingue qui reposait dans la paume de sa main, la jeune femme répliqua bien vite, en désaccord avec l'idée de traîner une arme sur elle pour aller à une simple fête. Oui elle savait s'en servir, mais là n'était pas la question. « Papa, je sais me défendre, je vais là pour m'amuser, pas pour faire la guerre » Agacé par son commentaire, il fronça les sourcils en insistant du regard. Il n'allait pas la laisser gagner si facilement. « Je n'approuve pas les femmes qui traînent dans les rues le soir, si tu veux sortir, tu le prends avec toi. » Son ton était sans appel, elle n'avait pas le choix. Il était suffisamment barge pour ne pas la laisser sortir sinon. Décidée à ne pas décevoir sa seule amie, Roksana glissa à contrecœur l'arme dans son sac à main. Quel genre de père donnait une arme à sa fille qui lui annonçait simplement qu'elle allait à un anniversaire!? Désespérant n'était même pas le mot. Le pire c'est qu'il était totalement aveugle. Pour lui c'était « normal ». Comme s'il y avait un violeur à chaque coin de rue. N'importe quoi, mais il était comme ça. Le visage toujours inexpressif, la blondinette referma la porte derrière elle en sortant. Valait mieux ne rien dire à propos de cette arme à la fête d'Aleksa pour éviter de passer pour une folle. Elle avait beau être la plus jolie fille, avec son visage de poupée russe, ses yeux saphirs et sa belle chevelure d'or, tout le monde avait vite compris qu'elle avait un sale caractère et autant d'émotion qu'un mur. On la trouvait froide, bizarre... Ça ne l’attristait même pas que l'on pense ça d'elle. Elle avait appris à ne pas se laisser affecter par rien, encore moins par l'opinion d'un autre à son sujet. Roky souriait à peine, parlait peu, n'allait pas vers les autres, mais elle était néanmoins promis à un bel avenir. Plus que les autres petits crétins du coin. C'était depuis longtemps décidé, elle ne passerait pas sa vie en Russie avec son père. Ce n'était pas une vie. La jeune femme voulait retrouver sa mère et son frère un jour. Les États-Unis représentait vraiment la liberté pour elle. De toute façon, rien ne la retenait ici. Elle partirait très bientôt.

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Elle était partie. Comme prévue. Une fois prête à monter dans son avion, son père l'avait longuement regardé et elle l'avait regardé à son tour. Il avait un air réprobateur et elle laissa son visage vide d'expression de son côté, sauf peut-être une lueur de détermination dans le regard. Il avait dit : « Si c'est pour l'armée américaine que tu veux travailler, soit. » et elle n'avait rien répliqué. Elle lui avait déjà tout expliqué au sujet de ses choix et elle savait qu'il ne refuserait jamais si elle lui avouait vouloir être l'une des meilleures pilotes d’hélicoptères du continent et de servir le pays. Il avait aussi ajouté : « Je veux seulement une preuve et... savoir ce que mon fils est devenu » Elle avait été légèrement surprise par cette demande. Pas pour la preuve, elle savait bien sinon qu'il était capable de débarquer lui-même en personne aux États-Unis pour venir la chercher, mais plus par la requête au sujet de son frère qu'elle n'avait pas vu depuis si longtemps. Elle avait hoché la tête, promettant ainsi ses deux choses. Leur adieux auraient sans doute semblé froid aux yeux des autres, mais pour Roksana c'était très bien ainsi. Ça aurait pu être pire encore.
« John, un autre verre pour mademoiselle » La jeune femme toisa le barmaid en murmura un « vodka » entre ses lèvres. Tournant ensuite le regard vers le plaisantin qui lui payait un verre sans même la connaître, elle ne lui adressa ni un sourire, ni même un merci. Nullement intimidé, le gars prit place à côté d'elle en s’appuyant contre le bar. Certes, il n'était pas laid, sans doute pour cette raison qu'il pensait réussir à avoir toutes les filles dans sa poche, mais s'il croyait pouvoir l'impressionner... il se mettait le doigt, voir le coude dans l’œil. Cela dit, ça pouvait être amusant de le laisser s'enfoncer seul dans le danger. « Tu es nouvelle dans le coin, non? Je me serais rappelé d'un si joli visage... Des vacances peut-être? Je connais cette ville par cœur!» Second sourire de sa part et absence de réaction pour elle. Il connaissait cette ville. Et alors? Buvant une gorgée de son verre, elle jeta un coup d’œil à l’horloge contre le mur. Elle avait mieux à faire pour le moment. À peine arrivée et on lui cassait déjà les pieds. « Tu sais, si jamais tu as besoin d'un guide... » Il glissa sa main dans la sienne, sans doute pour y déposer le ridicule bout de papier sur lequel il avait inscris son numéro de téléphone, ce qui fit grincer des dents la jeune russe. Dans son pays, elle lui aurait déjà collé une arme sous le menton en lui criant de dégager, mais ici valait mieux être discret. Serrant son poing droit, elle lui envoya un coup direct au nez. Surpris par cette attaque, le pauvre tomba à la renverse sur le sol en gémissant de douleur. Roky termina son verre, prit son sac à main et se leva calmement. Le barmaid semblait presque qu'amusé par la situation. Visiblement, aucune femme n'avait résisté à ce type auparavant. Triste nouvelle. Plongeant son regard de glace dans celui du charmeur horrifié, elle lui lança un simple : « Je n'ai pas besoin d'un guide pour trouver seule la sortie... » Tournant le dos à la scène, elle prit la porte sans un mot. Elle aurait peut-être du laisser un billet au serveur pour avoir tâché le tapis du bar. Le nez ça saignait toujours trop... Bref, ce coin de pays semblait être bourré de minable. Vivement qu'on lui donne un hélico pour qu'elle s'occupe l'esprit. Comment son frère et sa mère pouvaient vivre ici sans mourir d’ennuis? Il ne restait plus qu'à poser la question face à face!

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Jamais elle n'avait été aussi muette et figée devant une simple feuille de papier blanche où elle devait y mettre des mots afin de tenir la promesse de son père. Quoi dire? Où commencer? Et pourquoi pas la simple franchise, la bonne phrase directe et sans détour. C'était l'option la plus facile. Avec un : bonjour papa, voilà le dossier de mon inscription et de mes résultats, au fait, ton ex-femme, ma mère, est sur un lit d’hôpital avec le cancer des poumons, elle a trois mois à vivre, quant à ton fils, mon frère, soit fier, car comme tu l’espérais, il est soldat. Elle n'aurait qu'à signer son nom et voilà! Elle serait débarrassée de cette tâche. Malheureusement, la situation l'embêtait vraiment. Roksana ne se l'avouait pas, mais de revoir sa mère après toutes ses années l'avait troublé. Encore plus en apprenant qu'elle allait mourir! C'était frustrant en un sens. La blondinette ne trouvait pas les mots pour rattraper le temps perdu avec elle. C'était bizarre et inconfortable comme situation. Pour son frère aîné, elle n'avait pas plus aimé les retrouvailles. Il était changé, différent. Chose certaine, il n'était pas devenu comme elle. Ils n'avaient pas trop de points en commun et Roky abandonnait déjà l'idée de refaire connaissance avec lui. Repartir à zéro ne lui disait rien. Finalement, sa vie de famille était tout simplement à chier, voir merdique et elle allait devoir vivre avec ça. À quoi bon faire des efforts quand cela semblait perdu d'avance! La jeune femme ne voulait pas se torturer avec ça. Elle fuyait peut-être, mais elle n'avait jamais eu besoin de personne dans sa vie. Ses priorités étaient ailleurs. Voilà tout...

« Je dois avouer que votre sang froid est à toute épreuve, mademoiselle Ivanov » Retirant son casque d'écoute, la jeune femme se glissa habilement hors de l’hélicoptère. Passant une main dans ses cheveux, elle leva les yeux vers le soleil brûlant avant de se retourner vers l'homme qui l’accompagnait. « Merci Monsieur. » Elle aimait beaucoup ses séances de pratique où votre évaluateur essayait de vous faire peur en vous mettant dans des situations pas possible comme un manque de carburant ou une panne mécanique. Ça pimentait la balade disons-le. Elle s'en sortait toujours très bien, avec un calme incroyable et on la voyait parfois même sourire, comme amusée par le danger. Roksana pilotait parfois d'une manière un peu cowboy, mais jusqu'ici, elle avait prouvé qu'elle était capable de tout. « Vous savez, je devrais vous faire essayer le Pave Low III... un peu plus gros, mais quand même » Poussant la porte du bâtiment, la blondinette secoua la tête. Les gros hélico' de combat, elle n'aimait pas trop. Son truc c'était plutôt les missions de sauvetage, voir humanitaire. Elle aimait déposer des gens, récupérer d'autres pour les tirer d'un mauvais pas, mais question combat... pas vraiment « Je souhaite plutôt rester avec le Pave Hawk. Une question de goût » L'homme lui adressa un petit sourire en coin, avant de libérer. De toute manière, niveau mission dangereuse, elle savait parfaitement s'en tirer. La seule chose, pour les sauvetages, elle allait devoir faire un peu plus attention à ses passagers si elle ne voulait pas les tuer en cours de route. Dire qu'à première vue, elle semblait plutôt fragile et peu apte à gérer des situations de stress... ne jamais se fier aux apparences! La jeune femme quitta l’entrepôt en fredonnant les air d'une chanson d'ACDC qu'elle aimait écouter en vole lorsque possible. Revoyant mentalement son plongeon aérien effectué plutôt, Roky laissa un petit sourire en coin se dessiner sur son visage. Elle devait être née pour ce boulot, voilà tout.