Mon enfance avait été juste merveilleuse. Tout ce que je voyais, tout ce que je touchais était de l'or entre mes petites mains. Mes parents étaient mes héros. Ma soeur, c'était mon modèle et ma meilleure amie. J'ai toujours été la petite fille sage, l'enfant modèle. Moi, la petite tête blonde de la famille mais pourtant si intelligente. Déjà petite j’étais bien trop mature pour mon âge. Je comprenais bien plus vite que la moyenne, je savais lire et écrire très tôt. Mon avenir se destinait à être des plus grand et des plus fructueux. Je voulais être une grande photographe, mes parents me voyaient déjà diplômée de Yale et avocate. J'avais décidé d'être avocate et que je ferai de la photographie ma plus grande passion, la chose qui prendrait le plus de place durant mon temps libre. J'étais petite et rêveuse. Je voyais la vie en rose. J'étais mature, certes, mais bien naïve. Mes parents ont divorcé, comme ça, sans même prévenir. En voyant mon père quitter la maison, j'avais regardé ma soeur, les yeux remplis de larmes. « Qu'est-ce qu'on va devenir Bev' ? Et papa .. Pourquoi il nous abandonne comme ça ? » Je n'ai pas eu de réponse. Elle m'a juste prise par les épaules et a plongé son regard dans le mien. J'ai su qu'elle serait là pour moi, quoi qu'il arrive.

A treize ans, j'ai vu ma mère se remarier. Je pouvais lire sur le visage de ma soeur qu'elle détestait cette idée. Je n'aimais pas ça non plus. Ma mère cherchait la robe parfaite pour ce nouveau mariage. Je n'avais de cesse de secouer la tête à chacun de ses essayages. Je ne voulais pas la voir avec un autre. Beverly et moi on devait trouver la robe de demoiselles d'honneur parfaite. Je rechignais et trainais des pieds. Tout ça, ce n'était pas pour moi. Si elle voulait se remarier qu'elle le fasse, mais sans moi. Alors oui, je suis allée voir mon père, en cachette. Je voulais comprendre. J'avais besoin qu'il se manifeste et qu'il fasse autre chose que de ruminer leur décision commune. Tout ce que j'ai su, c'était la raison de leur divorce. Il m'a annoncé ça, comme ça, de but en blanc. J'ai eu très mal. Je ne verrais plus jamais mon père de la même façon. Il avait été infidèle à ma mère et moi, je n'avais rien vu. Je le croyait encore être mon héros, mon idole et mon meilleur ami. En fait, il n'était qu'un salop sans coeur. Je suis partie en claquant la porte et j'ai juré ne plus jamais lui adresser la parole. J'ai retrouvé ma mère et me suis réjouie pour elle. C'était tout à fait hypocrite mais je ne pouvais lui souhaiter que le bonheur qu'elle n'avait eu que pendant un temps avec mon père. Elle méritait d'avoir quelqu'un de fidèle cette fois-ci.

Riley, petite fille au grand coeur s'est peu à peu renfermée sur elle-même. Je n'ai pas eu la force de faire comme si de rien n'était. C'était beaucoup trop difficile. J'ai tout envoyé balader. Je me suis teint les cheveux : du rouge bien criard, histoire de dire aux gens d'aller se faire foutre, que maintenant, c'était ma vie et que jamais je ne commettrais la même erreur que mes parents. J'ai beaucoup pris en maturité. J'emmerde le monde environnant. J'ai besoin de me retrouver, de savoir que tout ira bien. Beverly fait ce job de merde et pourtant je ne peux que l'admirer de garder la tête froide. On se bouffe souvent la gueule mais ça, c'est juste parce qu'on s'aime et qu'on sait qu'on est rien l'une sans l'autre. C'est ma soeur et je ne la lâcherai pour rien au monde. Yale ? Même pas en rêve. Je reprend ma vie en main et envoie le reste du monde aller voir ailleurs si j'y suis. Je fais des études, oui, mais en photographie, ce que j'ai toujours aimé faire. Je capture les instants volés, l'instant présent, rien que ce qui me plait. Parce qu'il faut bien des sous pour payer mes études, je travaille comme barmaid. Moi, contrairement à Bev', je ne montre pas mon cul. Cependant, je ne cache pas me prendre la tête avec des clients bien trop lourds. C'est ça les soeurs Richardson, rien que des bombes. Joke ! J'ai appris les fiançailles. J'aime pas ça. Surtout venant d'elle. Elle avait pourtant jurer ne jamais tomber dans le panneau. Et maintenant, qui c'est qui ouvre sa gueule et qui prend soin de sa grande soeur ? C'est moi voyons ! Je sais, ce n'est pas mon rôle. Mais je ne veux pas la voir s'enfoncer. Si je fais ça, c'est parce que je tiens énormément à elle. Alors je l'emmerde, je joue la grande soeur. Son mec, je ne le connais pas. J'veux savoir qui il est avant de lui confier ma soeur. Je ne veux pas la voir sombrer. Je ne pourrais pas le supporter.