Il était une fois, un connard. Il était une fois, une connasse. Connard et connasse rêvaient d’extase. Connard vendait du rêve, connasse, elle, prévoyait. Charming Prince en costume de beau gosse lui a mis des étoiles plein l’pif. Blanche, poudreuse, la douce demoiselle s’est transformée en droguée, faute de frappe énorme dans sa vie. D’la frappe qu’elle n’a jamais cessé d’attirer. Un jour, blanche-nez a donné naissance à un bébé. Un bébé laid et malheureux qu’elle a prénommé Sony. Pauvre d’elle, sa marraine la fée était une toxico qui - au lieu- d’lui offrir joie et santé, lui a filé une chkoumoune insensée. Quelle déveine effroyable, quelle pisseux d’mari elle avait. Habile du poing et du ceinturon, princesse a récolté, princesse a dégusté. L’petit prince aussi, de ses yeux verts il en vue aussi, des vertes et des pas mûres. Il en a vu, ouai, des murs. Des murs, des sols, verticale, horizontale. Ca faisait mal, il devinait. Les cris, les pleurs : un air de Hard Rock. Tous les soirs, la même symphonie, c’était leur Mozart. Sa berceuse. Il était petit quand la félicité s’est abattue sur lui, manque de bol ( on s’refait pas) : c’maman qui s’est tirée, pas l’pater. De quoi chier dur. De quoi pleurer. Exact, c’était bon, c’était dégoutant. C’était lui, pauvre petit orphelin d’mère, bientôt de père. Il n’avait qu’10 ans. Joyeux anniversaire, Kid.



J'parle d'moi à la troisième personne parce qu'évidement, le petit prince c'moi. Le petit prince qui a grandi et qui a vécu une vie d'merde : c'moi. C'moi ouai, le moi d'avant. Le moi d'avant, le moi qu'on me décrit. Vous savez quoi ? 'Parait aussi qu'j'suis soldat. 'Parait que j'ai passé 15 mois enfermé dans un cagibi, détenu par je n'sais quels terroristes. Quinzes mois qui m'ont pété des neurones, si j'en suis arrivé là. On m'a dit, qu'adolescent, je m'étais un peu trop attaché à une nana. Moi ? Aucune idée, moi, cette nana, j'm'en fiche, présentement. Ouai, je m'en fiche au présent. Parce qu'au passé, je l'aimais comme un fou. Comme un toutou ou je n'sais qu'elle expression employer. Je l'ai recontré tôt, j'aurai préféré tard. Tôt ou tard, osef. Le fait est que j'suis tombé dessus. J'suis tombé dessus comme un tomberait dans un trou creusé de nos propres mains. Allez savoir comment, allez savoir pourquoi. J'ai grandi à Phoenix ou a détroit ? Aucune idée. A 10 ans, l'pater a pulvérisé sa pipe. " J'ai" été placé dans une " famille " d'acceuil. D'famille, celle-là, n'était qu'une pâle imitation , j'dirais famille à la con parce que les dîners y'en avaient pas et les baisers on pouvait aller s'gratter, moi et mes 3 aut' "frères". D'moins, "on m'a dit". Derrière ces mots : Kurt Kinsella, frère d'arme, meilleur pote et accessoirement beau frère. Trop d'frères ! Beau frère ? WTF ? Encore maintenant, j'me sens idiot. La cervelle en passeoir, perte de mémoire : aucun souvenir. C'est ça, la guerre, on finit par tout oublier. L'preuve, je l'ai même oublié elle alors que...alors que 'parait qu'j'aurais pu donner ma vie pour elle. Now, tout c'que je lui donnerai, ce serait sa liberté parce que moi, moi c'dame-là, j'en ai rien à cirer. C'égoïste mais vrai.

La surprise dans ses yeux, l'effarement dans les miens. Le qui êtes-vous avait l'air de lui avoir foutu une torgnole. Ses paroles, ses traits, se visage féminin où la peur pouvait être lu. La gifle que je venais de lui mettre avait eu raison de son bonheur. 'fin j'suppose qu'elle devait être heureuse d'avoir retrouvé son fiancé. Je n'ai pas compris ce qui m'arrivait, je n'ai toujours pas compris ce qui m'arrive. Je la vois tous les jours, toutes les heures presque, j'crois qu'elle essaye d'm'aider à retrouver la mémoire, elle essaye de ME retrouver. J'suis perdu, ma jolie, j'suis perdu à jamais. C'bien ça l'problème, peut être que je ne veux pas me souvenir, peut être que je ne tiens pas à m'souvenir. Seulement, les hics ça fuse de partout : 'parait que le petit qu'elle tenait dans ses bras, c'mon gosse. Le petit bout d'chair rose, au tif blond, c'le mien. Je suis peut être amnésique mais j'garde certaines valeurs...c'lui, j'dirai qui m'retient lui et cette curiosité pourrie qui m'titille à chaque fois que j'croise quelqu'un au sein de la base : suis-je toujours militaire ? Est-ce qu'un tel ou une telle m'connait ? Est-ce que dans l'fond je les connais ? Et elle ? Est-ce que je l'aime ? Franchement, j'sais pas. Ca devient une habitude. « J'sais pas c'que vous m'voulez mais j'crois que je n'ai pas ce que vous recherchez... ». Ca annonce la couleur, non ?

J'ai quitté cet hopital, elle était là. Le bébé, aussi. J'ai traversé le long couloir, clopinant comme un idiot, à l'aide de ces béquilles. Blessures de guerre. Je suis monté dans cette voiture, la mienne, 'parait-il. J'ai écouté ce groupe de rock que j'aimais, apparement. J'ai regardé à travers la vitre jusqu'à ce qu'on arrive à la base. Je me suis mis à vouloir fuir lorsque j'ai vu "ma" maison. La nôtre, à elle, à moi. Je l'ai suivi, le visage tiré, d'effrois et d'horreur. Je ne me souvenais plus, de rien. Elle m'a montré notre chambre, notre dressing. Notre vie. Cette vie, est-ce encore la mienne ?
Je me suis réveillé un matin, je l'ai croisé en petite tenue. Je suis un homme, d'accord et j'ai aimé, la vue qu'elle m'a offert. Le temps passe et le travail de mémoire qu'on me demande me parait trop compliqué. Ce matin encore, sous un différent angle, je l'ai regardé.