Je ne suis pas vraiment le genre de personne à raconter sa vie, ni à tenir un journal intime. J’ai toujours trouvé stupide d’écrire ses pensées du jour dans un bouquin et de commencer par « Cher Journal ». Se confier à un journal est totalement ridicule. Et puis, pourquoi les gens s’entêtent tant à vouloir écrire leur vie, comme si un jour on allait sortir une biographie sur leurs problèmes de cœurs pendant leur adolescence. Mais bon, bref, si je dois vous raconter un minimum ma vie, autant faire ça maintenant et bien. Je suis Mia Anyia Dennings, aussi et surtout surnommée Mad de par mes initiales. Ma famille est, comment dire, normale. Oui c’est bien le terme. Fille unique j’étais évidemment la chouchoute de mes parents, leur princesse, la chose la plus précieuse à leurs yeux. Et pourtant je n’en ai jamais profité. Je n’ai jamais fais comme mes copines qui obtenaient toujours tout ce qu’elles voulaient, profiter de mes parents ne m’étais jamais venu à l’esprit. J’étais ce qu’on appel un enfant modèle, sans problèmes. Ma mère est une femme extrêmement gentille, peut-être même parfois trop, du genre à donner le bon dieu sans confession à n’importe qui. Mais si l’on s’en prend à sa chaire et à son sang, à la prunelle de ses yeux, elle devient aussi protectrice et dangereuse qu’une lionne. Mon père quant à lui est un militaire, un pur un vrai. Servir son pays est sa priorité, bien que parfois ma mère lui remet les idées en place en un simple regard pour que sa priorité reste sa famille. C’est stupide mais quand j’étais gamine je m’imaginais toujours finir comme mes parents. Avoir une belle petite maison, un mari aimant et tout l’tralala. J’enviais leur complicité et leur amour, je voulais vivre la même chose. Mais rassurez vous, dès que j’ai grandis j’ai fais un brusque retour à la réalité.

Je n’ai jamais voulu entrer dans un moule. Je ne voulais pas être l’intello, la pom-pom girl, la trainée ou l’inconnue du lycée. J’étais une classe à part. Quelque peu garçon manquée dans mes débuts, je rêvais de faire comme papa. Ce que les filles de mon âge ne comprenaient pas. Comment une fille pouvait-elle rêver de faire carrière dans l’armée alors qu’elle pourrait faire quelque chose de plus… féminin. Faire comme tout le monde ne m’intéressais pas. J’avais envie de vivre mes propres expériences et advienne que pourra. Le regard des autres m’importait peu. Même si tous mes conseillers d’orientations n’étaient pas d’accord, j’ai eut raison d’ignorer les autres et de suivre mes propres choix. Mes parents m’ont toujours soutenu quoique je décide. Bien qu’avouons-le, ma mère aurait certainement préféré que je fasse autre chose de ma vie que militaire. Elle ne négligeait en rien ce travail mais aurait plutôt aimé voir sa fille unique faire carrière dans un cabinet d’avocat ou de médecine. Ceci étant, elle me laissa me lancer dans ce que je pensais être ma carrière rêvée. J’ai jamais été douée avec les choix. Et je n’ai jamais vraiment su ce que je voulais. J’aurais aimé être une fille à papa, à obtenir tout ce que je voudrais, au moins j’aurais su ce que je voulais vraiment. Même si je me suis toujours montrée sur de moi, j’ai toujours été indécise quant à mon futur. J’ai donc passé deux ans dans l’armée en tant que sniper. Je ne regrette pas du tout ces deux années, j’ai passé de bon moments et autant de mauvais. J’ai rencontré pas mal de monde et même si j’ai toujours été un brin solitaire, me suis fait plusieurs amis. J’ai finis par arrêter découvrant que ce n’était pas du tout fait pour moi et tout en restant dans le côté militaire j’ai opté pour un boulot qui me laissait près de chez moi. Travaillant pour la sécurité de la base. Peut-être que je n’aimais pas être loin de chez moi, pourtant j’aimais voyager. Voyez, j’ai toujours été contradictoire. J’aime des choses que je n’aime pas. Ce qui nous amène à l’homme de ma vie.

Ma mère me disait toujours que les rencontres hasardeuses sont les meilleures. Peut-être, peut-être pas. Je l’ai rencontré en avion. Marrant, en général les gens quand ils vous racontent une histoire de rencontre hasardeuse dans un moyen de transport on parle rarement de l’avion… Bref. Nous nous sommes retrouvés assis l’un à côté de l’autre. Étrangement ont s’est bien marrés et quelque part il m’a plu dès le début. Pourtant croyez moi je suis pas du genre à flirter avec tout ce qui bouge. C’est juste qu’avec des gens le courant passe plus facilement qu’avec d’autres, je pense. On s’est mit à inventer une vie à chaque passager, le genre de connerie infantile qui fait bien passer le temps. On a bien rit à ce sujet et le temps est effectivement passé bien plus vite. J’me souviens encore de ma mère qui me disait « si tu trouves un homme qui te fais rire surtout le lâche pas » j’aurais peut-être pas du la prendre au sérieux. Parce qu’une fois arrivé à destination, il m’invite à boire un verre. J’vous le disais je suis pas le genre de fille à draguer à droite à gauche, encore moins normalement à me marrer dans un avion avec un inconnu, mais j’ai accepté. Aussi étrange que cela puisse être j’ai accepté. On s’est retrouvé à boire un verre, puis deux, et enfin vous connaissez la suite. J’aime beaucoup faire dans la spontanéité, de décider des choses sur un coup de tête, de faire des choix stupides et de m’en mordre les doigts après. Ça me donne cette impression d’être en vie. C’est peut-être stupide, mais j’aime ça. Mais j’aurais peut-être pas du aller si loin.

« Ma fille va se marier ! » Euphorie général de la part de ma mère, rien d’étonnant. Sa petite fille va se marier c’est tellement bien qu’on en oublie le fait qu’ils n’avaient jamais entendu parler du futur marié. « Mais tu peux pas te marier si vite, ça fait combien de temps que tu es avec lui ? Et d’ailleurs c’est qui cet homme on l’a jamais vu et tu ne nous en as jamais parlé ! » Bien évidemment pour mon père c’était autre chose. Lui il aimait que les choses soient bien faites. Limite si mon futur époux aurait du demander ma main à mon père. Si si, je vous assure. Il était juste inquiet, ça je le savais, forcément confier sa petite fille à un parfait inconnu. « Mais voyons chéri elle va se marier ! Notre fille va se marier ! » Forcément avec un tel argument mon père a vite cédé et a enchainé les félicitations. Sans oublier de s’assurer que mon futur mari s’occupe bien de moi. Dans le fond mes parents l’ont bien accepté, j’ai même du freiner ma mère pour ne pas qu’elle décide de tout préparer alors qu’on est juste fiancés. Tout ce qu’ils ont toujours voulu c’est mon bonheur. Et je m’en veux quelque part, parce qu’ils sont persuadés que je suis heureuse et que je vais vivre le restant de mes jours avec l’homme de ma vie. Grossière erreur. Parfois rien qu’à le voir avachi sur le canapé à attendre dieu sait quoi, j’me demande pourquoi je lui ai dit oui. La réalité nous revient toujours en pleine face. Et c’est seulement après l’euphorie des fiançailles qu’elle est arrivée, la réalité. C’est inconcevable. On est pas fait pour vivre ensemble, pour être ensemble. Le pire c’est que tout le monde nous le dit. J’ai toujours envie de l’étriper et inversement. Tout semble si merveilleux parfois à l’extérieur mais il y a des jours où ça éclate et où si le monde avait été bien fait, l’on ne se serait jamais rencontré. Moi épouser ce type. Qu’est-ce qui m’a prit ?