Bon alors moi c'est Markus. Angel Markus Yaworski. C'est polonais, pour ceux qui se demanderaient. J'ai rien d'un polonais pourtant...enfin j'en sais rien en fait, je sais que je suis adopté par contre. Mes parents me l'ont avoué, mais j'avais deviné le jour où j'ai compris qu'ils étaient barges. Je vous jure, ce n’est pas un truc tellement difficile à comprendre quand au diner de famille tout le monde éclate de rire et que toi, tu restes là à les fixer en te demandant "Mais c'était quoi la blague au juste ?". Je ne connais rien sur ma vraie famille et je n'ai jamais cherché non plus, je me contente très bien de cette vie. Cela dit, j'adore mes parents. Mon père est coincé, il a quatorze balais dans le cul, ma mère est névrosé, elle a le numéro de son psy en appel d'urgence...à moins que ce soit celui de son prof de gym, mais peu importe, je les adore quand même. Ils sont riches, très riches et moi je suis leur petit gars pourri gâté qui a juste à faire la moue pour avoir un appétissant virement sur son compte. Ce n’est pas beau la vie ? Mes moindres caprices sont exaucés et dieu sait que les caprices, c'était mon domaine. Parlant de ça...
Gamin, je crois que c'est la première chose que j'ai compris, que mes parents étaient asservis. J'étais comme César devant ses romains. Si je n’aimais pas ce qu'il y avait dans mon assiette, je croisais les bras et j'avais plus qu'à attendre qu'on me change le repas. Si je voulais un jouet, genre le super nouveau truc trop génial qui n'est pas encore sur les tablettes des magasins, je finissais par l'obtenir. En grandissant, ça ne s'est pas amélioré. La seule chose qui a changé, c'est le prix de mes jouets. Je délaissais le super-héros pour le téléphone dernier cri, la belle voiture de sport et ma piscine juste à moi. Rien n'est trop beau pour l'enfant chéri Yaworski. En dehors de cette facilité, j'étais comme tout le monde...ma vie n'était pas parfaite. Elle avait son lot de difficulté comme...l'école, les servantes désagréables, les nuits blanches -à faire la fête-, une famille étouffante de principe ça va sans dire et...l'horrible tentation d'une vie malsaine faite de plaisir, d'alcool et de jolies filles faciles. Bref, l'enfer.
Je sais que mes parents échafaudaient des tonnes de plan pour moi. Mon père me voyait bien devenir son principal associé dans sa société, me marier avec la fille d'une famille aussi riche que la nôtre, devenir un type important quoi. Moi, je pensais surtout à m'amuser. C'est encore le cas pour être honnête. Mon manque flagrant de sérieux ne manquait pas de l'irriter, mais il était bien disposer à passer l'éponge sur à peu près tout. Disons que j'étais un excellent profiteur, pas besoin de travailler, pas besoin de rendre des comptes. Je faisais ce que je voulais quand j'en avais envie, au diable que ça plaise ou non. Puis c'est arrivé, un jour, me demandez pas lequel, mais je l'ai rencontré. LA fille, du moins, j'en étais persuadé au début. C'était sur un vol, le hasard a bien voulu qu'on se retrouve un à côté de l'autre. On a commencé à discuter, elle était sympa et marrante. Au final, les passagers autour y sont tous passé, on leur a inventé une vie propre à chacun, complètement stupide mais quand même, ça allait avec leur tête. Alors entre le vieux pervers qui a trois femmes et la mauvaise actrice qui fait semblant d'être riche alors qu'elle sort de prison, on a finit par arriver à destination. Normalement je n’aurais pas fait ça, ou peut-être que oui, mais je l'ai invité à prendre un verre et comme on ne s'est pas arrêté à un seul, je vous laisse conclure de la suite...C'est, trop peu de temps après selon les gens sensés, qu'on a fait notre grosse erreur...un coup de tête de classe, parce qu'après tout, on ne peut pas dire qu'on se connaisse vraiment...
«QUOI!?» La voix de ma mère et de mon père se mêlent dans ce cri catastrophé. Je leur souris, avant de rapidement porter ma coupe de champagne à mes lèvres.
«Tu...es fiancé ? Mais à qui ? Tu n'as même pas de petite-amie...» Je regarde ma mère, fronçant aussitôt les sourcils.
«Si, j'en ai une...j'ai peut-être...oublié de vous le dire.» Et voilà, elle frôle l'anévrisme. D'un geste rapide elle attrape sa serviette pour s'en servir comme éventail. Mon père lui, il fulmine sur place, son visage étant passé au rouge.
«Markus tout de même ! Tu ne peux pas te fiancer à n'importe qui, encore moins à une femme que...qui ne nous a pas été présenté avant. De toute façon, nous avons d'autres plans pour toi, tu sais que la fille des Parkson est un très bon parti...tu...» Je grimace.
«Papa, stop ! La fille des Parkson ? Même le chien a meilleur allure. Et puis c'est trop tard je suis fiancé maintenant...» Le rouge passe au bourgogne. Il sert les poings, moi je me demande ce qui va flancher en premier, la table ou son cœur.
«Très bien ! TRÈS BIEN MARKUS. Si tu veux en faire à ta tête, vas-y ! Épouse cette...fille ! Tu vas le regretter je peux te le jurer et si tu te passes de nos conseils, tu vas aussi devoir te passer de notre aide !» On peut ajouter l'hyperventilation à l'anévrisme de ma mère quand elle entend ça venant mon père.
«Très bien PAPA !» Moi je ne réalise pas tout de suite, trop occupé à lui tenir tête pour comprendre qu'il vient juste de me dire qu'il me coupait les vivres.
«Chéri voyons mon chéri, on ne peut pas faire ça à Markus...tu n'y pense pas, qu'est ce qu'il deviendra ?» Ma chère maman, elle a le cœur sur la main. Je savais que je pourrais compter sur elle. Bon papa ne va pas démordre, je l'ai attaqué en pleine fierté, mais ma mère ne l’entend pas de cette oreille, même si elle désapprouve totalement mon choix, elle a bien trop peur que je crève de faim pour arrêter de me donner de l'argent. En soit ça m'arrange plutôt bien, la perspective de me retrouver pauvre et SDF ne me plait pas des masses.
Et notre histoire d'amour ? Hum...si on était déjà marié, je crois qu'on serait en train de divorcer. Y'a des jours où j'ai sérieusement l'impression qu'elle va m'égorger et inversement, je meurs d'envie de lui faire bouffer la coutellerie au grand complet. On n'est pas fait pour être ensemble, le monde entier semble bien disposé à nous le dire, surtout mes parents qui la déteste autant que le jour où je leur ai annoncé que je venais de me fiancé avec elle. Et pourtant, on est toujours ensemble et miraculeusement on n'a pas encore annulé nos fiançailles, même si je suis persuadé que les gens ont commencés à ouvrir les paris pour savoir combien de temps on va encore tenir. Dans tous les cas, les hostilités sont ouvertes !